Edito de Emmanuel DENIS
Maire de Tours
La ville de Tours est très heureuse d'accueillir les 17e journées délocalisées des Gens du voyage, organisées par IDEALCO. Ces journées permettent de mesurer les avancées réalisées et de mutualiser les expériences à l’échelle nationale. Elles offrent aussi l'occasion de prendre conscience du travail qui reste à accomplir et de réaffirmer notre engagement. Ces missions sont définies dans un cadre législatif qui, aujourd'hui, montre ses limites. La question des voyageurs nécessite une attention qui ne peut être reléguée. Que ce soit les collectivités ou l'État, toutes et tous ont la responsabilité de garantir des conditions de vie dignes à des milliers d'hommes et de femmes répartis sur nos territoires. Nos concitoyens itinérants doivent évidemment être soumis aux mêmes devoirs, mais aussi bénéficier des mêmes droits.
Encore aujourd’hui, notre société doit évoluer. Il serait inconcevable qu’elle évolue sans eux. Je reprends cette célèbre phrase de Gandhi : « Tout ce que vous faites pour moi mais sans moi, vous le faites contre moi ». Et cela s’applique pleinement aux voyageurs. Qui mieux qu'eux sait ce dont ils ont besoin ? Qui connaît mieux leurs difficultés et leurs réalités ? Qui d'autre peut mieux témoigner de la précarité qu’ils vivent ? Ces journées visent justement à leur accorder la place qu’ils méritent. C’est là tout l’enjeu : que les voyageurs de Touraine participent et qu'ils éclairent nos travaux de leur expérience.
Les communes sont sous pression, tout comme les populations sédentaires, car les stationnements spontanés créent un désordre réel. Mais ce désordre est subi par tous, sédentaires comme voyageurs. Qui voudrait vivre chaque jour dans la crainte d’être chassé de son lieu d’habitation ? La violence des stationnements spontanés est subie par toutes et tous. Il ne s'agit pas d'être angélique : il est essentiel que les pouvoirs publics regardent cette réalité en face. Pour que ces occupations cessent, il est nécessaire de créer un nombre suffisant d’habitats dignes.
Enfin, nous devons nous rappeler que l'antitsiganisme est toujours présent dans notre société. Il façonne des imaginaires que nous devons déconstruire, interroger et condamner, y compris dans nos propres représentations. L'antitsiganisme est un racisme comme un autre, et il doit être combattu sans relâche.
Je vous invite donc à participer nombreux à ces journées de travail, les 9 et 10 décembre prochains à l'Hôtel de ville de Tours.